Cet article a pour objectif de définir les liens entre le yoga et la psychothérapie analytique dans le combat contre l'anxiété et les crises d'angoisse.

 

Tout d'abord, il est important de définir ce qu'est l'anxiété par rapport au stress et à l'angoisse.

Le stress est un phénomène normal : c'est ce qu'il se passe dans notre corps et notre esprit lorsque nous sommes soumis à une pression ou à une agression de notre environnement (ce que l'on appelle des “stresseurs” : travail, conflit, bruit…). C'est seulement lorsque le stress est prolongé et sans possibilité de récupération qu'il pose problème.

L'anxiété renvoie quant à elle à la tendance de tout être humain à anticiper et à grossir les difficultés, parfois à s'en créer ou à en imaginer, alors qu'il n'y en a pas, ou qu'elles sont mineures. L'anxiété, en quelque sorte, c'est la capacité à amplifier ou à créer soi-même du stress.

En gros, il y a stress si les symptômes de tension physique ou psychique disparaissent à distance des soucis (le soir, en week-end, en vacances), il y a anxiété si ces symptômes persistent même loin des problèmes (on y repense après-coup, on les anticipe).

Les crises d'angoisse, ou attaques de panique, surviennent souvent dans un environnement d'anxiété permanente. Il existe un véritable cercle vicieux, chaque attaque provoquant un climat qui favorise l'apparition de nouvelles crises. Le traitement occidental courant repose sur une prise en charge psychothérapeutique et un traitement médicamenteux avec des calmants (anxiolytiques). Des antidépresseurs peuvent être prescrits pour lutter contre une dépression associée. Il est également fréquemment admis que les techniques de relaxation peuvent apporter une aide non négligeable pour lutter contre l'apparition des crises d'angoisse.

 

Nous manifestons tous de l'anxiété. Cet état varie du normal au pathologique, selon l'hérédité, le passé et la fragilité psychique de l'individu. Ce sont les conflits psychologiques conscients et inconscients et les stress qui troublent ainsi l'équilibre émotionnel et nerveux.

Le système philosophique du yoga s'articule en 8 membres (l'ashtanga yoga de Patanjali) qui constituent autant d'étapes successives, de difficulté croissante, que doit franchir celui qui s'adonne à sa pratique. A partir du 5ème de ces membres, Pratyahara, ou le rassemblement des sens vers l'intérieur, le pratiquant pénètre sa psyché. Le 6ème membre, Dharana, ou la concentration mentale temporaire sur un objet, le conduit à la découverte de ses tendances profondes, grâce à un véritable travail de sonde de son inconscient. Avec le 7ème membre, Dhyana, ou la concentration mentale maintenue (méditation), le pratiquant va mieux percevoir ses conflits psychologiques afin de les contrôler efficacement. Ceci lui permet d'atteindre un meilleur équilibre nerveux, émotionnel et affectif.

Ce cheminement s'accomplit sous la surveillance d'un maître avisé, prévenant son disciple des dangers qui pourraient menacer son intégrité psychique. Parce qu'en Occident, il est encore rare de rencontrer un tel guide, l'expérience montre que l'analyse ou le suivi psychothérapeutique, associée à une pratique adaptée du yoga, permet une progression plus rapide.

Tandis que la démarche analytique s'arrête à l'exploration psychologique profonde de l'homme et à la thérapie de la maladie mentale, le yoga poursuit le voyage pour tenter d'atteindre une ultime étape, le 8ème membre : Samadhi. Celui-ci conduit à l'union de la conscience individuelle à la conscience universelle. Cette dernière voie constitue une manière de répondre à la grande interrogation métaphysique de l'homme, confronté à l'angoisse de la mort et au mystère de son origine.

Complétée par un travail analytique, une pratique adaptée du yoga peut contribuer à éviter les risques de destructuration de la personnalité du patient.

Analyse psychothérapeutique et yoga constituent ainsi 2 manières distinctes mais complémentaires d'aider un occidental en recherche, dès lors qu'il est en proie à une anxiété incapacitante, à mieux vivre ses luttes intérieures. L'analyse psychothérapeutique, grâce à ce patient travail "d'investigation" pour mettre en lumière "la signification inconsciente des paroles, des actes et des productions imaginaires"* - et le yoga par une méthode plus sensitive de prise de conscience des émotions et blocages psychiques qui s'inscrivent dans le corps par le biais des systèmes neuro-végétatifs.

 

Une yogathérapie destinée à combattre l'anxiété, contribue à rééquilibrer les systèmes nerveux et à réguler les troubles psychosomatiques qui découlent de leur mauvais fonctionnement (palpitations, sueurs, spasmes, difficultés respiratoires...) par la pratique d'exercices physiques, d'exercices respiratoires et de techniques de relaxation particuliers. La yogathérapie apporte un sentiment d'apaisement plus ou moins durable pour ceux qui souffrent d'anxiété. Mais ce mieux-être n'est qu'un palliatif car l'anxiété profonde ne régresse ou ne disparait que lorsque le vrai problème du conflit psychique a été posé. Sa clé reste toujours une meilleure connaissance de soi.

 

D'une perspective ayurvédique, l'anxiété est le principal dérèglement psychologique de Vata. Elle s'exprime différemment selon les constitutions des personnes et se traite donc différemment selon ceux-ci. Cependant, une étude a révélé qu'un traitement ayurvédique suivi pendant 30 jours donnait de 6% à 26% de meilleurs résultats qu'un traitement par anxiolytique (benzodiazépineClonazepam).

Référence : Tubaki BR, Chandrashekar CR, Sudhakar D, Prabha TN, Lavekar GS, Kutty BM. Clinical efficacy of Manasamitra Vataka (an Ayurveda medication) on generalized anxiety disorder with comorbid generalized social phobia: a randomized controlled study. J Altern Complement Med. 2012 Jun.

 

 

* Vocabulaire de la Psychanalyse, J.Laplanche et J.-R.Pontalise, Collection PUF.